Tribune. L’eye tracking (suivi occulaire) est traditionnellement utilisé pour étudier le comportement humain dans un certain nombre de domaines, notamment la psychologie, la recherche médicale, les sciences cognitives et les neurosciences. Il aide les psychologues qui travaillent à détecter les signes d'autisme et les neuroscientifiques qui étudient les effets des traitements sur la maladie de Parkinson. Cet outil a par la suite évolué pour devenir un outil marketing pour les annonces publicitaires (presse et affichage) et la création de packaging.. »
Il existe deux systèmes d’eye tracking : fixe ou mobile. Le premier consiste en un appareil doté de caméras infrarouges qui enregistrent les mouvements des yeux et permettent ainsi de mettre en évidence les zones regardées, le temps passé sur chaque zone et l’ordre dans lequel elles sont vues. Le deuxième quant à lui ne nécessite qu’une webcam ou un appareil photo frontal pour fonctionner et va enregistrer les mouvements des yeux mais également la dilatation des pupilles liées à une émotion de l’utilisateur pour ajuster les décisions de l’entreprise en terme de marketing.
Des entreprises épinglées
L’obligation de sécurité imposée par la loi Informatique et Libertés est donc au cœur d’une actualité vivifiante, pétrie de contradictions et de contrastes, qui sont autant de raisons d’en étudier la substance. Ainsi, même si la celle-ci a imposé au responsable du traitement des données personnelles, et plus largement à ses sous-traitants, une obligation de sécurité et de confidentialité, assorties de sanctions pénales, le développement de nouvelles technologie semble prendre le pas sur les exigences publiques en terme d’éthique.
Néanmoins, ce système fait depuis peu débat, depuis que l’entièreté des nouveaux appareils signés Amazon et Microsoft sont équipés de ce système, mais surtout, depuis que la technologie tend à devenir la norme en termes de marketing digital. Récemment c’est la branche d’Amazon Kindle qui a été épinglée par la National Telecommunications and Information Administration pour utilisation frauduleuse du système de suivi occulaire. En effet, son système de suggestions se base sur les émotions ressenties lors de précédentes lectures, ce qui sous-entend l’utilisation de la webcam sans l’autorisation de l’utilisateur.. »
Par conséquent le problème ne réside pas tant dans les suggestions issues de méthodes frauduleuses mais dans la potentielle collecte de données personnelles via webcam à grande échelle qui pourrait faire l’objet de ventes vers des branches tierces d’Amazon qui use des mêmes procédés. Les suspicions de ventes de données font d'ores et déjà l'objet d'actions fermes comme par exemple le boycott généralisé de Kindle et d'autres sous-traitants d'Amazon sur la même branche.